Un peu d’histoire
Le terme de « chevreuil » désigne plusieurs espèces sur la planète. Cousin le plus proche du chevreuil européen (Capreolus capreolus), le chevreuil d’Asie (Capreolus pygargus) est une espèce, au physique et au comportement, très proche du chevreuil européen. Le chevreuil d’Asie vit sur la partie est de l’Eurasie (côte est de la Chine, Corée, Mongolie, partie est de la Sibérie) quand le chevreuil d’Europe vit sur la partie ouest.
3 autres espèces de « chevreuils » sont présents sur Terre. Ce sont, en réalité, des animaux plus proches des cerfs ou des antilopes : Chevreuil des Andes en Amérique du Sud (cousins des rennes et élans), Chevreuil de Virginie en Amérique du Nord (plus proche des cerfs que des chevreuils) et l’antilope-chevreuil dans le sud de l’Afrique (plus proche des Kobs, antilopes africaines)
Le Chevreuil européen est le plus petit cervidé d’Europe, présent sur tout le continent à l’exception des iles : Corse, Sicile, Islande et Irlande.
En France, le chevreuil est présent quasiment partout, à l’exception de la Corse. Cette répartition géographique n’a pas toujours été aussi vaste.
A la fin du 17ème siècle, les chevreuils avaient quasiment disparus en France comme en Europe d’ailleurs. En cause, des raisons bien connues : l’urbanisation et la destruction des écosystèmes sauvages.
Il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre Mondiale, pour que l’aire de présence de cet animal forestier augmente à la suite de la mise en place de grands plans nationaux de gestion de la chasse et des opérations de repeuplements préconisées la Fédération de Chasse (même dynamique que pour le cerf élaphe).
Depuis une cinquantaine d’année, on observe des fluctuations dans les dynamiques des peuplements de chevreuils mais pas de grands bouleversements, cette espèce ubiquitaire étant capable d’occuper tous les milieux. Animal forestier, il peut aussi sortir dans les terres cultivées (champs de céréales, …) ou les prairies, en lisière, pour se nourrir.
Lorsque les conditions sont favorables, elle peut même se constituer en harde de plus de 50 individus.
Enfin, une information importante : le massif Jurassien est une zone où les chevreuils ont toujours prospéré en France.
Une année dans la vie du chevreuil
Du rut à la naissance…
En automne, les mâles forment de petits groupes. Ils muent en octobre, leur robe passant du roux au brun gris. Pendant l’hiver, se forment des groupes mixtes, plus ou moins importants, souvent visibles dans les chaumes ou les champs labourés.
Les chevreuils mâles perdent leurs bois en novembre. La repousse débute en décembre et dure jusqu’au début du printemps. Ces bois atteignent leur taille maximale entre mars et avril. Ils sont, comme chez le cerf (voir partie les bois du cerf élaphe), recouverts de velours.
Dès le mois de février, les mâles commencent à marquer leur territoire. Ces marquages vont s’intensifier à l’approche du rut, et les brocards redevenir solitaires jusqu’à l’été.
Le rut se déroule au cœur de l’été, de mi-juillet à mi-août. Le brocard, dont le territoire englobe celui de plusieurs chevrettes, parcourt activement son fief et marque arbustes ou jeunes arbres en s’y frottant.
Avant l’accouplement, les mâles poursuivent longuement les femelles sur un parcours plus ou moins circulaire appelé « rond de sorcières », ces ballets circulaires se terminant le plus souvent par une saillie !
Le chevreuil se reproduit en été mais la gestation se fait en deux temps.
Après sa fécondation, l’ovule stoppe son développement pendant 5 mois environ. Cet arrêt du développement embryonnaire s’appelle une diapause.
Fin décembre/début janvier, l’embryon s’implante dans l’utérus soit plus de 4 mois après la fécondation ! Cette particularité s’appelle l’ovo-implantation différée. Elle existe chez quelques autres espèces parmi lesquelles la loutre ou le vison.
La période de gestation, proprement dite, qui débute après la reprise du développement de l’embryon, dure, elle, un peu mois de 5 mois (environ 140 jours)
L’hypothèse scientifique est que cette « pause embryonnaire » permet au faon de voir le jour à la belle saison, lorsque la température extérieure se réchauffe et que la végétation printanière reverdit. Le faon peut ainsi se camoufler dans l’herbe haute et la mère se nourrir dans les meilleures conditions pour produire un lait de qualité. Le pelage brun-roux tacheté de blanc du faon assure son camouflage avant qu’il apprenne à courir.
Les chevrettes mettent bas fin avril, début mai ; en général deux petits de 1 à 2 kg chacun. Les faons, qui seraient très rapidement capables de se déplacer, restent dissimulés dans la végétation. La mère passe peu de temps avec eux, ne les rejoignant que pour la tétée. Elle les toilette alors soigneusement, allant jusqu’à consommer les déjections. Toutes ces mesures ayant pour but d’échapper aux prédateurs !
Vers leur troisième semaine, les faons suivront la chevrette et ne la quitteront que 10 à 11 mois plus tard. L’allaitement proprement dit dure, lui, 2 à 3 mois.
Une alimentation semblable à celle du cerf ayant pour conséquence une compétition territoriale…
Comme son cousin le cerf élaphe, il se nourrit principalement de plantes ligneuses ou herbacées, graminées, feuilles, baies, glands, champignons, céréales et légumes. Le chevreuil arrache l’écorce des jeunes arbres en hiver pour lécher le cambium, sucré, des troncs. Cette similitude alimentaire avec le cerf entraine une compétition importante entre les deux espèces. Bien moins imposant que le cerf, le chevreuil, assez farouche, à tendance à fuir les écosystèmes où le cerf est trop abondant.
Le chevreuil est une proie de choix pour le loup, le lynx et…l’homme.
A l’origine diurne, comme le cerf élaphe d’ailleurs, le chevreuil est devenu crépusculaire ou nocturne car il était trop souvent dérangé par les activités humaines. Sa vie sociale est organisée autour des chevrettes qui se regroupent en harde avec les jeunes de l’année. Les brocards, en France, ont plutôt tendance à vivre seuls. Mais dans certains pays d’Europe centrale où les populations sont importantes, il n’est pas rare d’observer des hardes constituées de jeunes mâles.
En hiver, mâles et femelles peuvent former des hardes mixtes qui permettent, sans doute, d’affronter plus facilement les conditions hostiles.
