Le daimDama dama

Ce cervidé est bien surprenant. Question vestimentaire, il suit la mode. En été, sa robe tire sur le roux et est mouchetée de blanc, ce qui la fait ressembler à un faon, le petit de la biche. En automne, la robe vire au brun foncé et les taches s’estompent.

Ses bois n’ont rien à voir avec ceux du cerf, ils ressemblent plutôt à ceux de l’élan : ils sont plats et palmés, tournés vers l’avant. Pesant autours de 5,5 kilos, ils tombent entre avril et mai, avant de pousser à nouveau vers le mois de juin. En trois mois, ces bois peuvent atteindre 90 centimètres de long. Juste à temps pour affronter ses concurrents avides de sexe.

Les daims pratiquent la séparation des sexes, sauf durant la période des amours en octobre. Les hardes de mâles d’un côté, les hardes de femelles de l’autre. Ces dernières sont généralement accompagnées de leur dernier-né et, parfois, de leurs précédents faons (le mot s’emploie pour tous les cervidés). Les jeunes mâles quittent leur mère à 18 mois.

Cette vie aimable et paisible prend fin en octobre quand la virilité des mâles se réveille.  Chacun essaie de se constituer le plus fourni des harems. La période du rut dure grosso-modo un mois, entre la mi-octobre et la mi-novembre.

 

En zone forestière où la surveillance est plus compliquée, le mâle se contente de quelques daines, tandis qu’en prairie ouverte, il peut se réserver une trentaine de partenaires. Comme chez le cerf, la technique de drague s’adapte aux circonstances. Certains mâles préfèrent défendre leur territoire, attendant qu’une ou plusieurs daines y mettent le sabot, tandis que d’autres s’emparent de leurs futures épouses en débarquant sur leur territoire.

 

Et quand deux rivaux se rencontrent, ils se défient. Si un d’entre eux l’emporte par la taille et l’agressivité, il n’a même pas à combattre pour s’imposer. Si les deux mâles sont de format similaire, la bagarre peut être spectaculaire, parfois mortelle. Le plus faible se fait vite une raison.

 

Le vainqueur doit maintenant honorer toutes ses femelles si fières de leur héros. Pour chacune, il lui arrive fréquemment de remettre le couvert pour être certain d’une future paternité. Inutile de dire qu’il y laisse pas mal de force. Entre la surveillance de ses femelles et ses activités sexuelles qui ne lui laisse guère le temps de se restaurer, le daim peut perdre un tiers de son poids

 

Après une gestation de 8 mois, la daine s’isole pour donner naissance, au mois de juin, à un faon, beaucoup plus rarement à deux.

Un drôle d’opportuniste

Le daim est une espèce capable de s’adapter à presque tous les milieux. La chaleur et la sècheresse du pourtour méditerranéen ne l’effraie pas plus que la neige et le froid des pays scandinaves. Pourvu qu’il y ait de quoi brouter ! Essentiellement herbivore, il avale goulument toutes les herbacées présentes dans les sous-bois et dans les prairies. Ce qui ne l’empêche pas d’enrichir son menu avec des jeunes pousses, des feuilles, des rameaux de feuillus et semi-ligneux, et même avec les écorces de nombreuses essences d’arbres. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il soit indésirable dans la plupart des régions forestières françaises !  L’appétit du daim ne s’arrête pas là. Il apprécie les glands, les châtaignes et toutes les baies sauvages. Sa présence est même régulièrement attestée dans les vergers alsaciens.

Une arrivée remarquée

Pour parachever la biodiversité de notre Réserve, il fallait absolument y introduire des daims. Chose faite en octobre 2019 quand 4 femelles et 1 mâle débarquèrent en provenance de la République Tchèque. Ce n’est pas la timidité qui étouffa ces nouveaux-venus. Aussitôt, leur caractère belliqueux en imposa aux cerfs à la carrure pourtant bien plus imposante.

Notre mâle mérite bien son surnom d’Attila ! Beaucoup moins farouche que ses compagnes, il reste facile à observer lors de nos safaris.

Pendant l’hiver 2019-2020, les quatre daines de nature curieuse, ont exploré tout le territoire de la Réserve. On pouvait les observer jusqu’à la fin du mois de mai quand elles disparurent brutalement. Quel pouvait en être la raison ? On l’imagine bien… la future mère préfère la discrétion.

Un printemps fertile

Effectivement le 29 juin 2020, apparaissait derrière un buisson de buis, une petite tête. Le premier faon de daim de la Réserve ! À notre grande surprise, cette naissance fut suivie par trois autres. Toutes les daines avaient mis bas !

Elles restèrent discrètes tout l’été, dissimulant leurs jeunes dans les buissons, puis à partir de la mi-octobre, elles ont commencé à se déplacer en hardes, dans les prairies et sous-bois.

Le saviez-vous ?

Les daims sont l’emblème de Rhodes. La légende affirme que les habitants de l’île les importèrent pour chasser les serpents venimeux.  En effet, avant leur arrivée, davantage de Rhodiens succombaient à une morsure de serpent qu’à la guerre. En guise de remerciement, la population fit construire à l’entrée du port de Mandraki 2 colonnes de pierre ornées de statues de bronze, l’une représentant un daim, l’autre une daine. À la place du fameux Colosse !