L’Elan Alces alces

L’élan est un mammifère ruminant de la famille des cervidés. On rencontre, dans l’Hémisphère nord, deux sous-espèces, une Américaine et une Européenne – interfécondes – dont les représentants sont communément appelés élan d’Europe (en Sibérie et Scandinavie) et orignal (en Amérique du Nord). Ces animaux, dont les bois sont aplatis en éventail, sont les plus grands des cervidés actuels.

 

L’étymologie est une science passionnante ! 

Les premiers colons européens à avoir envahi le Canada étaient des Français, c’est d’ailleurs pour cela que le Québec est une province francophone. Avant d’envahir les terres du nord, de nombreuses expéditions de pêches, notamment des expéditions basques, se faisaient dans les fjords canadiens du Saint Laurent et du Labrador (région canadienne). En basque, le mot « oreinak » signifie « cervidé ». Orignal serait donc un dérivé du mot basque oreinak !

Le mot élan a une histoire étymologique beaucoup plus incertaine !

Attention à ne pas confondre : le wapiti (Cervus canadensis) cousin du cerf élaphe (Cervus elaphus) en Amérique du Nord et l’orignal (Alces alces) même espèce que l’élan d’Europe.

Enfin, l’éland avec un d (Taurotragus oryx) est une grande antilope des régions désertiques du sud de l’Afrique.

 

L’élan est le plus grand cervidé actuel, mais ce n’est pas le plus grand cervidé que la Terre ait connu. Avant son extinction (-5000 à – 7000 ans avant JC), le cerf Megacéros (Megaloceros giganteus) partageait les grands espaces d’Europe du Nord avec l’élan d’Europe avant d’être éradiqué par l’Homme pour sa viande et sa peau. Il mesurait 2 mètres au garrot pour un poids pouvant atteindre 600 kg pour les individus les plus lourds. Il était surtout impressionnant par ses bois qui pouvaient atteindre 3.5 mètres d’envergure !

L’élan d’Europe a, lui, trouvé refuge à l’extrême nord de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Mais il faut savoir que les paléontologues ont retrouvé des ossements d’élan d’Europe jusque sur le bassin méditerranéen, prouvant que cet animal était présent partout en Europe avant que l’Homme moderne ne s’y installe et trouble son aire de répartition.

Jusqu’au Moyen-Age, l’élan d’Europe était encore commun dans les forêts de l’Europe de l’Ouest (France, Allemagne, Belgique, Suisse, nord de l’Italie), tout comme l’Auroch (bovidé sauvage européen, aujourd’hui éteint). Il était principalement chassé pour sa viande et sa peau. En Europe centrale, il a survécu jusqu’au 18ème siècle. Aujourd’hui, on ne le retrouve, à l’état sauvage, qu’en Scandinavie et en Sibérie.

Une drôle d'allure

L’aspect de l’élan peut surprendre. Son corps court est porté par de très longs membres. De grandes oreilles et un imposant museau bombé cernent des yeux étonnamment petits. Son allure générale tient de la chimère entre un cheval et un cerf.

En général, il utilise le trot pour se déplacer, mais pour fuir un danger, il passe au galop qui lui permet d’atteindre les 50 km/h, même dans la neige poudreuse grâce à ses longues pattes.

Enfin, n’oublions pas ses talents de nageur qu’il utilise pour chercher sa nourriture sous l’eau.

Question vestimentaire, il arbore l’hiver un pelage très fourni. Maintenant, parlons du couvre-chef. Comme chez la majorité des cervidés, le mâle arbore de fiers bois dont l’envergure atteint parfois deux mètres. Par endroits, ils sont aplatis, ce qui est une caractéristique de l’espèce.

A quoi servent ces bois plutôt lourds à porter et peu pratiques à balader en forêt ? À montrer leur virilité, bien entendu.

Comme l’explique la biologiste Vince Crichton, plus ils sont imposants, plus cela démontre aux femelles que se sera le parfait père pour leurs enfants. Le plus souvent, sans même combattre, le mâle le mieux pourvu en bois, peut s’attendre à une période de rut très fructueuse.

Une fois les mâles comblés d’amour, ou pas, leurs bois ne servent plus à rien, sinon à les encombrer. Ils s’en débarrassent donc entre novembre et décembre. Ce n’est qu’en avril, au printemps, qu’ils commenceront à se préoccuper de leurs amours avec une repousse des bois. Celle-ci est encore plus rapide que chez le cerf. La vitesse peut atteindre vingt centimètres tous les neuf jours.

Une vie de solitaire

L’élan d’Europe est un solitaire. Contrairement à la majorité des Cervidés, cette espèce ne constitue pas de hardes.

Au début de l’été, les mâles commencent à frotter leurs bois contre les arbres pour les débarrasser de leur velours, ainsi dès le mois d’août, ils arborent d’impressionnantes palettes marron capables de faire chavirer ces dames.

Au mois de septembre, le mâle rejoint une femelle, attiré par les longues plaintes qu’elle émet et qu’il peut entendre à plus de 3 kilomètres grâce à son ouïe exceptionnelle !

Lui reste alors à se parfumer. Entre la fin septembre et le début octobre, il creuse de petites fosses dans le sol dans lesquelles il urine. Puis il donne de vigoureux coups de pattes dans la fosse pour projeter l’urine sur ses bois.

Le mâle est prêt pour une vie amoureuse beaucoup plus calme que celle des autres cervidés, se contentant d’une seule fiancée !

L’enivrant parfum qui se dégage des bois souillés par l’urine déclenche le cycle de l’ovulation chez la femelle.

Au printemps suivant, après une gestation de 8 mois, la femelle donnera naissance à 1 petit, plus rarement deux.

Inféodé aux milieux aquatiques

D’après le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, l’Elan d’Europe supporte mal la chaleur et se rafraîchit souvent dans les lacs et les rivières. Excellent nageur, il parcourt des distances considérables dans l’eau. En obstruant ses narines (grâce à des petits clapets), il peut plonger jusqu’à 6 mètres de profondeur et rester immergé près de 8 minutes pour brouter au fond des marécages les végétaux aquatiques riches en cellulose. Il est considéré comme un animal semi aquatique au Canada, tellement il passe de temps dans l’eau ! D’autant qu’en été, il se réfugie dans les rivières ou les lacs pour échapper aux attaques permanentes de mouches, de tiques et de taons.

L’élan préfère vivre dans les zones humides où son gros appétit lui fait apprécier une grande diversité de mets pour herbivores : herbes, plantes aquatiques, feuillages et écorces de nombreux arbres et arbustes, lichen, mousses… Il avoue néanmoins une nette préférence pour les jeunes branches, les pousses et les feuilles de saules ou de bouleaux au printemps et en été. En hiver, il peut se contenter d’aiguilles et écorces de pins.

Il possède un excellent odorat qui lui permettant, en hiver, de trouver sa nourriture sous la neige.

Au Canada, les naturalistes ont décrit un mutualisme surprenant entre le castor canadien et l’orignal. Le cervidé se nourrit des arbres fraichement tombés que le castor utilise pour ses barrages !

Un nouvel arrivant en phase d’acclimatation

Les trois femelles que nous présentons sont arrivés de Suède le 21 novembre 2019, alors qu’il neigeait. Sans doute pour éviter le dépaysement !

Elles ont été placées temporairement dans un enclos d’adaptation afin de les présenter aux autres espèces de la Réserve, mais aussi aux visiteurs. D’emblée nos chevrettes ont trouvé ces nouvelles arrivantes …grandes, très grandes mais avenantes. Elles ont donc rapidement pris l’habitude de venir partager leur repas.

Elles ont été placées temporairement dans un enclos d’adaptation afin de les présenter aux autres espèces de la Réserve, mais aussi aux visiteurs. D’emblée nos chevrettes ont trouvé ces nouvelles arrivantes …grandes, très grandes mais avenantes. Elles ont donc rapidement pris l’habitude de venir partager leur repas.

Les bisons se sont montrés très intrigués par ces nouvelles venues. Les échanges ont été nombreux pendant l’hiver, mais il faut bien avouer que cette curiosité réciproque a progressivement disparu pour n’être plus maintenant qu’une indifférence polie.

Quant aux chevaux de Przewalski, ils ont une fois de plus confirmé leur sale caractère, ne s’approchant des élanes que pour mieux tenter de les botter !

En mai 2020, une sacrée surprise

Nos trois femelles se sont retrouvées bien esseulées tout l’hiver 2019-20 car les époux que nous leurs avions trouvés étaient restés bloqués dans leurs pays d’origine pour cause de Covid-19. Néanmoins quel ne fut pas notre surprise de découvrir le 22 mai 2020, un minuscule bout de chou de 50 centimètres de haut dans l’enclos des femelles ! L’une d’elle ayant forcément fauté avant de nous rejoindre… Armée d’un sale caractère, elle s’est transformée en douce maman attentive.

FICHE SIGNALETIQUE DE L’ÉLAN OU ORIGNAL

Nom :

Alces alces

Famille :

Cervidés

Ordre :

Cetartiodactyles

Classe :

Mammifères

Identification :

Animal très haut sur pattes. Pelage brun noirâtre. Longs bois ramifiés et palmés

Taille :

De 1,40 à 2 m (à l'épaule)

Poids :

De 305 à 450 kg en Europe. Jusqu’à 700 kg pour les mâles au Canada

Répartition :

Nord de l'Europe. Est de la Sibérie. Alaska et Canada.

Régime alimentaire :

Végétarien. En été bois jeunes, plantes aquatiques.
En hiver : conifères : écorce, cônes et aiguilles en hiver)

Structure sociale :

Des petits groupes de 3 à 5 individus ont été décrits.

Maturité sexuelle :

2-3 ans

Saison de reproduction :

Rut en septembre-octobre. Naissance d'avril à juin.

Durée de gestation :

De 8 mois

Nombre de jeunes par portée :

1 plus rarement 2 (15 % des naissances).

Poids à la naissance :

Une quinzaine de kg environ.

Longévité :

20 ans ou plus

Effectifs, tendance :

Estimée à 600 000 au Canada et 300 000 aux États-Unis.
500 000 en Europe (principalement en Suède) .
400 000 en Russie