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Capra ibex
Les Bovidés

Classe :

Mammifères

Ordre :

Artiodactyles

Famille :

Bovidés

Sous famille :

Caprinés

Taille :

La femelle a une hauteur au garrot de 75 cm
Le mâle plus costaud atteint 90 cm au garrot

Poids :

La femelle pèse en moyenne 60 kg
Le mâle peut atteindre un poids moyen de plus de 100 kg

La première espèce menacée d’extinction sauvée
par des mesures conservatoires

Présent dans l’arc alpin depuis plusieurs milliers d’années, le bouquetin a bien failli en disparaître au XIXe siècle. La population est alors estimée à une centaine d’individus repartis dans le massif de la Vanoise en France et celui du Grand paradis en Italie.

Pour Dominique Gauthier, spécialiste de l’espèce, le bouquetin a bénéficié des premières mesures conservatoires pour une espèce animale (1821), a suscité la création des premiers espaces protégés d’envergure (Réserve royale de chasse du Grand Paradis – 1822) devenu Parc National en 1922 et a motivé la naissance du premier Parc National Français : La Vanoise en 1963.

Ces zones de protection et de nombreuses campagnes de réintroduction ont permis au bouquetin une recolonisation de l’aire de répartition d’origine et même son élargissement. Le bouquetin est présent en Italie, en France, en Suisse, en Allemagne, en Autriche et en Slovénie. La population mondiale est estimée (en 2020) à plus de 50 000 individus.

Aujourd’hui, le Bouquetin des Alpes bénéficie d’un haut degré de protection. Il est inscrit à l’annexe III de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Convention de Berne) et à l’annexe V de la directive européenne Habitats Faune Flore.
En France, l’’espèce est protégée et inscrite dans l’article 2 de la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire.

 

Une allure générale de chèvre… avec l’élégance en plus

Le bouquetin des Alpes est un animal trapu, plutôt court sur pattes. Disposant de sabots particulièrement adhérents à la roche, le bouquetin se déplace avec une agilité déconcertante sur les falaises les plus abruptes. Ses cornes qui peuvent atteindre 1 mètre chez le mâle adulte permettent de le distinguer très facilement du chamois ou du mouflon.
Le dimorphisme sexuel est marqué chez le bouquetin. La femelle pèse en moyenne 60 kg pour une hauteur au garrot de 75 cm ; le mâle plus costaud atteint 90 cm au garrot pour un poids moyen pouvant dépasser les 100 kg. Notons ici que le mâle porte une petite barbe sous le menton.

Le pelage varie de brun au gris-brun en été. Le ventre et les fessiers sont blancs, les pattes tirant sur le noir. Le poil devient plus épais, plus long et plus foncé en automne. Cette fourrure, très épaisse en hiver, le protège du froid. À partir du mois d’avril, elle devient encombrante et l’animal s’en débarrasse en se frottant aux arbres et rochers.

 

Une vie haut-perche

Le bouquetin est une espèce rupicole, c’est-à-dire que les hautes falaises et les parois rocheuses abruptes demeurent son milieu de prédilection. Surtout si elles sont orientées au sud parce que la neige y fond plus vite. Il évite les zones forestières qu’il parait ne pas apprécier particulièrement.

Dans les Alpes, même s’il descend en hiver dans les vallées pour trouver sa nourriture, il préfère, en été, regagner les hauts escarpements. Jusqu’à 3 300 m d’altitude où il trouve les pâturages délaissés par les autres herbivores, sauvages et domestiques.

 

Animal diurne au comportement grégaire…

Le bouquetin est un animal essentiellement diurne, ce qui n’est plus très fréquent, la faune étant toujours plus dérangée par les activités humaines en journée.
Herbivore, il recherche sa nourriture dès les premières heures du jour et en fin de journée avant la tombée de la nuit.

Le reste du temps, il rumine ou se repose, allongé sur des promontoires bien exposés au soleil où il est facile à observer. D’autant que ses prédateurs naturels se méfient de sa force et de sa capacité à se mettre hors de danger en quelques instants sur les rochers alentour.

D’autant que cet animal grégaire vit en hardes : les mâles adultes d’un côté, les femelles et jeunes de l’autre. Il peut arriver sur des territoires où les densités sont faibles que les hardes fusionnent mais toujours en respectant la séparation des sexes !

 

…et au regime alimentaire varie

Herbivore opportuniste, le bouquetin gagnera en été les alpages de haute altitude (jusqu’ 3 300 m) pour y consommer les graminées et légumineuses sauvages. Jusqu’à 20 kg par jour !

L’automne arrivant, il redescend vers des zones où la végétation, même pauvre, reste accessible. En hiver, Il est capable de creuser la neige pour accéder aux ressources encore présentes : herbes desséchées, lichens, mousses. Des arbustes peu digestibles comme les genévriers, les rhododendrons ou le buis viennent compléter son alimentation. Ils ne suffisent pas à couvrir ses besoins naturels et le bouquetin perd beaucoup de poids : jusqu’à 50% chez le mâle !

Quand arrive le printemps, l’animal descend dans les vallées pour accéder aux premières pousses d’herbe, parfois au détriment des agriculteurs. Il se nourrit aussi des jeunes pousses de noisetiers, d’aulnes et plus généralement des tous les bourgeons accessibles.

Le bouquetin boit peu et se contente le plus souvent de la neige en hiver et au printemps, de la rosée du matin en été. Par contre, il a besoin de sel qu’il trouve à proximité des troupeaux domestiques (pierres à sel) mais également dans les salines naturelles, présentes un peu partout en montagne.

 

La saison des amours en plein milieu de l’hiver

Alors qu’elles vivent séparées toute l’année, les hardes de mâles adultes et les hardes de femelles se retrouvent fin novembre pour le rut qui dure jusqu’à la mi-janvier.
Les mâles, polygames, se livrent à des joutes plus bruyantes que violentes, en se jetant tête contre tête. Les jeunes mâles n’y participent pas, se contentant d’observer pour mieux apprendre ! Ils devront attendre l’âge de 3 ans pour avoir leur chance.

Le vainqueur, « la langue pendante et frétillante, la queue rabattue sur l’échine, les cornes en arrière passent d’un groupe de femelles à l’autre pour s’accoupler avec les étagnes (femelles), fécondes dès leur 2 ème année. » (Source : Vallée de Ceillac)

Les cabris naissent au printemps (plutôt en juin) et après 170 jours de gestation. Généralement un petit par étagne, très exceptionnellement deux. Auparavant, la mère aura pris la précaution de rejeter le jeune de l’année précédente qui devra donc se débrouiller seul ou avec ses compagnons d’infortune.

Comme chez de nombreuses espèces animales, la future mère s’isole pour mettre bas. Une ou deux heures plus tard, le cabri est debout et cherche à téter le colostrum. Après 2 ou 3 semaines, il rejoindra la harde et sera élevé en nurserie avec les autres jeunes ! C’est une étape importante dans sa vie parce qu’il va apprendre par le jeu les poursuites, escalades et acrobaties diverses qui lui serviront, adulte, pour franchir les falaises le plus abruptes.

Les cabris sont totalement sevrés vers 4 à 5 mois. Leur taux de survie est assez faible, de l’ordre de 50 % à un an.

Le saviez-vous ?
Il peut arriver, lorsque les populations sont abondantes, que par un phénomène mal connu, les femelles ne donnent vie que tous les 2 ans. Il s’agit d’un cas rare dans le monde animal d’autorégulation des naissances.

 

Une espèce sans prédateurs ?

Pas tout à fait même s’ils sont peu nombreux.

L’aigle parait être le principal prédateur du bouquetin. Plus exactement des très jeunes cabris qu’il peut emporter. Il s’attaque beaucoup plus rarement aux adultes qu’il tente d’effrayer pour les faire chuter. Tout récemment, des naturalistes suisses ont filmé en aigle ayant capturé puis soulevé un mâle adulte pour le précipiter au pied d’une falaise !

Le loup pourrait également, en période hivernale ou au début du printemps, surprendre des individus ayant quitté leurs montagnes pour chercher leur nourriture dans les pâturages des vallées. Mais ces prélèvements restent, pour l’instant, anecdotiques.

D’autant que d’autres dangers guettent le bouquetin comme les maladies transmises par les animaux domestiques : kérato-conjonctivite par le mouton ou la tristement célèbre brucellose par les bovins.

Comme aussi malheureusement le braconnage ou certains évènements naturels comme les avalanches.

 

L’arrivée du bouquetin en Europe occidentale

Pour l’instant l’arrivée de Capra Ibex en Europe occidentale est datée de – 180 000 ans (fin du Pléistocène moyen). A cette époque le climat est plus froid et plus humide que de nos jours.

Venus du sud-est, l’espèce parait avoir rapidement conquis toute l’Europe puis que l’on retrouve des restes en Grèce, en Allemagne, en Espagne, en Italie et plus près de nous à Monaco (Grotte du Prince) ou encore à Nice (Grotte du Lazaret).

Avant cette arrivée, le tahr (autre chèvre sauvage) était le seul ongulé rupicole d’Europe occidentale. Sa disparition est concomitante des migrations du bouquetin. (Evelyne Cregut-Bonnoure)